Syndicats et direction d'Airbus ont entamé les négociations autour du plan social de l'entreprise à Toulouse. Et ce, la veille de la visite d'Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, chargée de l'Industrie.
Aucun licenciement forcé, seulement des départs volontaires. C'est ce que réclament les syndicats à la direction d'Airbus. Les négociations autour du plan social ont débuté ce mercredi 22 juillet, la veille de la visite d'Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l'Industrie. Elle se rendra à Airbus à Toulouse ce jeudi 23 juillet à 16h30, un déplacement entièrement consacré à la filière aéronautique. Ce secteur, qui emploie 200.000 personnes en France, a été fortement touché par la crise du Coronavirus.
Etat et syndicats : même revendication
Le 30 juin Airbus avait annoncé la suppression de près de 15 000 postes dont 5 000 en France d'ici l'été 2021 -3 500 à Toulouse-. A la suite de cette annonce, les manifestations se sont multipliées. Jean-Luc Mélenchon avait fait partie de l'un de ces rassemblements dans la Ville rose.Sur les pancartes des syndicats, la revendication était claire : "pas de suppression d'emploi". C'est cette même revendication qu'ils tentent de faire entendre à la direction lors des négociations autour du plan social qui a débuté ce mercredi 22 juillet.
Du côté de la ministre en charge de l'industrie, même son de cloche. Sur BFMTV-RMC elle affirme : "ce que nous demandons à Airbus c'est d'avoir une cible de zéro départs contraints". Pour rappel l'Etat avait justement annoncé débloquer 15 milliards d'euros pour accompagner la filière aéronautique dans son évolution et pour maintenir les emplois.Un accord sur les départs volontaires sur une base de mesures incitatives a été signé pour permettre aux salariés ayant un projet de reconversion professionnel ou de formation de partir d'eux-mêmes. Le but étant d'éviter les départs contraints.
Agnès Pannier-Runacher demande "zéro départ contraint" à Airbus pic.twitter.com/Sxyv02rpDc
— BFMTV (@BFMTV) July 23, 2020
Conditions des départs volontaires
L'accord doit être suffisamment incitatif pour qu'une partie des salariés d'Airbus aient envie de partir volontairement. Françoise Vallin, déléguée syndicale CFE-CGC Airbus, explique que le plan social se calquera sur des anciennes mesures prises lors de crises précédentes comme le plan Gemini par exemple en 2017-2018. A ce moment-là, la direction évoquait déjà des licenciements secs si elle ne trouvait pas assez de volontaires. 236 postes avaient été supprimés à Toulouse Blagnac et 313 sur le site de Suresnes dans les Hauts-de-Seine qui avait fermé ses portes mi-2018.La seule réelle condition pour pouvoir bénéficier du plan de départ volontaire que proposera Airbus est d'être employé en CDI (Contrat à durée indéterminée). Les syndicats tentent d'éliminer le critère d'ancienneté, et ils sont sur la bonne voie d'après Françoise Vallin. Les salariés qui bénéficieront du plan d'aide parce qu'ils ont un projet de reconversion professionnel devront le justifier, détaille la déléguée syndicale CFE-CGC. Françoise Vallin évoque aussi un accompagnement sur deux ans pour les départs anticipés à la retraite et espère convaincre la Ministre de l'industrie de l'intérêt d'un allègement des charges sociales qui pèsent sur ce dispositif.
Au sujet des reconversions professionnelles et formations engendrant un départ volontaire d'Airbus, Françoise Vallin tient à souligner que des discussions sont en cours avec la direction concernant un accompagnement des époux et épouses des salariés et des études de leurs enfants.On est en train de faire ce qu'Airbus sait faire : du dialogue social. On travaille sur des propositions qui ont prouvé leur efficacité dans le passé. On pense au salarié mais aussi à sa famille, son entourage.
Et les sous-traitants ?
Le syndicat France Ouvrière compte profiter de la visite de la ministre en charge de l'industrie pour réaffirmer des choses qu'elle a déjà entendu précise Dominique Delbouis. Le fait qu'Airbus doive être exemplaire en termes de traitement social par exemple, surtout pour inciter les sous-traitants à faire de même explique les syndicats.Pour l'heure, les syndicats soulignent que les négociations se déroulent dans de bonnes conditions, et qu'ils sont entendus par la direction. Quatre autre réunions avec la direction se dérouleront les 28 juillet, 31 août et 7/8 septembre prochains.Nous allons rappeler à la Ministre qu'il est primordial d'aider la filière aéronautique dans son ensemble et donc, de ne pas oublier les sous-traitants. Ne pas les laisser tomber socialement, humainement et industriellement.